dimanche 19 octobre 2008

AIT-MENGUELLET

Aït Menguellet


C'est en janvier 1950 à Ighil Bouamas en Grande Kabylie que naît Lounis Abdenbi Aït Menguellet. Si ses années d'études se passent à Alger, il n'oubliera jamais les veillées de chants de son enfance et ses origines kabyles et c'est dans la langue amazigh qu'il écrira la plupart des textes de ses chansons.

Après des études primaires, il suit une formation d'ébéniste dans un collège technique, mais au contact d'un professeur de français particulièrement pédagogue, il s'éprend de littérature, se met à composer des poèmes et à les chanter dans la grande tradition orale de la poésie berbère. Il a tout juste 17 ans lorsqu'il participe à une émission de radio animée par une figure de la modernisation de la chanson kabyle: Cherif Kheddam. La chanson qu'il y interprète "Ma trud 'ist", comme toutes celles de la première partie de sa carrière un poème d'amour. C'est alors la seule thématique envisageable pour un chanteur algérien. Mais rapidement, Aït Menguellet se détache des autres chanteurs en défendant la cause des femmes à qui le plus souvent l'amour est imposé.

En 1972, pendant qu'il effectue son service militaire, le succès de deux de ses chansons "Ma seber" et "Lwiza" assoient sa popularité. Celle-ci va grandissant et s'étend jusqu'à l'Hexagone où, en 1978, il fait son 1er passage à l'Olympia. C'est à cette époque qu'Aït Menguellet élargit le champ de ses thématiques en abordant des problèmes philosophiques et socio-politiques. En prônant avec talent la cause de la culture berbère, le poète renforce l'amour de ses fans et la défiance des pouvoirs politiques. Cet état de fait arrive à son paroxysme durant les "années de plomb". En 1985, il triomphe devant 6000 personnes au Zénith parisien et se fait emprisonner pour détention illégale d'armes à feu. Comme beaucoup d'algériens, il possède un fusil de chasse, mais comme peu, il prend la défense du chanteur Ferhat, incarcéré pour son appartenance à la nouvelle ligue algérienne des droits de l'Homme.
Après cette sombre période et malgré les difficultés auxquelles il doit faire face, Aït Menguellet ne songe à quitter son pays que pour honorer des contrats à l'étranger.

C'est la grande force du chanteur que d'être resté vivre dans son village, gardant un oeil lucide sur l'évolution de son pays tout en essayant d'améliorer les choses autour de lui. S'il ne donne plus de concerts en Algérie, il n'hésite pas à s'y engager dans des actions humanitaires .

En 2001, Aït Menguellet rompt avec la sobriété coutumière de ses enregistrements. Son fils Djafar, avec qui il travaille depuis des années, lui fait rencontrer le plus célèbre des jeunes musiciens kabyles, Takfarinas, qui produit son album "Inasen" avec beaucoup de respect et de justesse. Si leurs arrangements sont plus luxuriants, ses chansons sont fidèles à ce qu'elles ont toujours été, des mélodies simples au service de textes d'une grande qualité poétique qui décrivent avec d'autant plus de puissance la folie des hommes.



Benjamin MiNiMuM

mardi 23 septembre 2008

AIT MENGUELLET EN CONCERT AU THÉÂTRE DE ST-QUENTIN-EN-YVELINES

mercredi 24 septembre Lounis Aït Menguellet

Lieu : Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines
Dates : le 22 Novembre 2006


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Présentation
Plus qu'un chanteur, Lounis Aït Menguellet est un véritable poète, qui nous transmet, avec sa voix profonde, le fruit d'une sagesse universelle. Ses textes clament son amour de la vie et de la liberté, expriment la tristesse que lui inspire une société injuste et hypocrite. Il refuse l'étiquette d''artiste engagé' : c'est du coeur que lui viennent ses mots, et non d'intentions politiques. Homme de son temps, il porte également avec lui toute la culture orale kabyle, avec ses contes et ses récits mythologiques. Le tout compose un univers extrêmement riche, où règne une noblesse d'âme sans égale.

Informations complémentaires
De 10 à 20 euros - 20h30 - Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, place Georges Pompidou, 78180 Montigny-le-Bretonneux - Renseignements : 01.30.96.99.00



En savoir plus sur le site : "Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines"

La revue de presse

[Kateb Yacine] le 1 Janvier 2006
Incontestablement, Aït Menguellet est aujourd’hui notre plus grand poète. Il va droit au coeur, il touche, il bouleverse, il fustige les indifférents.

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dimanche 14 septembre 2008

AIT-MENGUELLET À LA MAISON DE LA CULTURE DE TIZI-OUZOU

Aït Menguellet a animé deux soirées artistiques à Tizi-Ouzou. Magistral !

Aït Menguellet a animé deux soirées artistiques à Tizi-Ouzou
Magistral !


Il est 19h30, la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou se met déjà dans l’ambiance festive. Nous sommes à presque une heure et demie du gala artistique de Lounis Aït Menguellet, les guichets sont pris d’assaut par une foule nombreuse. L’on peut voir des familles (en majorité) mais aussi des jeunes, des vieilles...

Le Sage a encore une fois charmé la ville des Genêts. Lounis Aït Menguellet a subjugué avant-hier ses fans à l’occasion d’une soirée ramadanesque mémorable. Tizi-Ouzou n’en demandait pas plus pour oublier ses soucis. Il est 19h30, la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou se met déjà dans l’ambiance festive. Nous sommes à presque une heure et demie du gala artistique de Lounis Aït Menguellet, les guichets sont pris d’assaut par une foule nombreuse. L’on peut voir des familles (en majorité) mais aussi des jeunes, des vieilles...

Le géant de la chanson kabyle a pu réunir des générations entières sans pour autant qu’il y ait rupture. Nous retrouvons la salle des spectacles de la Maison de la culture aux environs de 20h30, on y constate un public à 80% constitué de familles, des adultes en majorité qui viennent s’offrir un grand moment d’évasion, oublier le temps passé et se souvenir de la belle époque, tout y est pour permettre au nombreux public, venu écouter les conseils du Sage, de surfer sur les airs du plaisir que procurent les prestations de Lounis. Une organisation sans faille est assurée par le service d’ordre de la Maison de la culture épaulé par les éléments de la police. Aït Menguellet se produira quelques minutes plus tard à guichets fermés.

21h, Aït Menguellet fait vibrer la salle

Comme à son habitude, Aït Menguellet est ponctuel. Il est 21h, il fait son apparition sous un tonnerre d’applaudissements. La salle s’est levée comme un seul homme pour saluer le maître de la chanson kabyle. Accompagné de son orchestre, composé de son fils Djaffer, Rabah Tissilia et Saïd Ghazli, Lounis passe directement à l’action. Idhak Wul sera la première de ses œuvres à être présentée comme pour exprimer le sentiment de manque que ressent l’artiste vis-à-vis de son public. Et c’est parti pour une heure de joie, de plaisir pour les présents à la Maison de la culture. Abrid, Luiza... les tubes des années 70 ont bercé le public invité à un voyage dans le temps, accroché par une prestation magistrale, les centaines de présents à la soirée ont apprécié l’originalité à laquelle Lounis est resté fidèle. Une parfaite communion s’est créée entre le chanteur et son public, un silence religieux s’est imposé laissant libre cours à l’artiste, égal à lui-même, d’éblouir ses fans...

La production de Lounis Aït Menguellet ne peut pas laisser indifférent le public, certains ne pouvaient s’empêcher de lancer des cris de joie, les vieilles agrémentaient le spectacle de youyous qui ajoutaient une originalité incontestable. Une heure s’est déjà écoulée, l’artiste se retire pour dix minutes de pause, brisant ainsi, pour un très court moment, les rêves d’un public acquis à sa cause. L’artiste adulé reprendra sa guitare pour plonger une seconde fois la salle dans une ambiance splendide, avec sa force du verbe. Lounis Aït Menguellet offrira à l’assistance de grands moments de joie. Il chantera le meilleur de son répertoire, Inad Umghar, Dda idir, Alwaldine... des tubes qui produisent la même sensation. S’il y a vraiment une particularité chez Aït Menguellet, abstraction faite de la production artistique, c’est indéniablement ce public admirateur, adulte et connaisseur, un public qui prend toujours du plaisir à écouter le Sage. Les plus jeunes qui étaient présents avant-hier à la Maison de la culture ne pouvaient pas rater l’opportunité d’immortaliser ce grand moment de joie, tout au long de la soirée artistique des flashes d’appareils photo fusaient des quatre coins de la salle. Ruh Nek Adhekimagh sera la chanson avec laquelle la soirée se terminera, deux heures magiques sans sentir le temps s’écouler tellement le spectacle était magistral. La soirée animée par Lounis Aït Menguellet avant-hier s’est avérée, comme d’habitude, une sortie triomphale. Elle s’impose à présent comme un rendez-vous incontournable durant le Ramadhan qui ne serait jamais le même sans Lounis Aït Menguellet. Ce dernier a été une deuxième fois à l’affiche hier dans la même salle.

A la fin du spectacle, le directeur de la culture de Tizi-Ouzou, Ould Ali El Hadi, offrira une gerbe de fleurs à l’artiste en guise d’hommage et de reconnaissance.

A. Z.

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samedi 6 septembre 2008

LOUNIS AIT-MENGUELLET

Né à Ighil Bouammas en haute Kabylie.
Le prénom Lounis lui a été donné par sa grand mère, parce qu'elle l'aurait entendu en rêve quelque temps avant le 17 janvier, date de sa naissance. Son oncle paternel, émigré en Oranie, lui choisira un autre prénom, celui d'un de ses meilleurs amis: Abd Ennebi, prénom qui restera ignoré de tous, y compris de Lounès lui même jusqu'au moment où, à Alger, on exigera les papiers du jeune écolier.

Il passa les premières années de son enfance dans son village natal avant de déménager à Alger chez ses frères Smaïl et Ahmed.

Il fréquente l'école primaire puis le collège Technique du Champ de Manœuvres (Place du 1er Mai) où il reçoit une formation d'ébéniste.
Lounis n'aime pas les études, puisque, dit-il, on peut tout trouver dans les livres.


Articles


En 1967, il commence à chanter. Il aime la poésie chantée mais les contraintes que le métier impose freinent son élan et ce n'est que grâce à des amitiés solides qu'il a pu continuer. Ouhab, un parent et un ami, le persuada de participer à l'émission de Chérif Kheddam (chaîne 11) intitulée Les chanteurs de demain (Iyennayen Uzeka) où Lounès chanta sa première chanson Ma trud ula d nek Kter (Si tu pleures, moi je pleure encore plus).

Kamal Hanunadi également parent et ami du jeune chanteur se chargea du contact avec les éditeurs. Pour l'éditer, une maison lui conseilla de s'inspirer du tube de l'époque, Ih a Muhand a Madam Servi Latay (Oui ô Mohand, servez le thé Madame) de Awhid Youssef.


A partir de 1970, il devient le symbole de la revendication identitaire berbère. Ses chansons se caractérisent par une nostalgie envoûtante, nostalgie des hommes et des femmes, aimants et valeureux. Deux voix se déchirent en Lounis: la voix chantante du passé et celle étouffée du présent.

Ses textes témoignent de son intérêt pour les problèmes existentiels: être Kabyle et poète.
Du point de vue de la forme de ses chants Tassadit Yacine dans son Ait Menguellet chante... (Bouchène Awal, Alger, 1990) relève qu'aux pièces courtes et relativement régulières du début vont succéder des poèmes plus longs, plus variés, plus composés, comme s'ils étaient destinés davantage à la lecture et au sens et qu'une recension des thèmes traités par Aït Menguellet montre qu'ils se répartissent en deux dominantes: celle que l'on peut appeler sentimentale et qui est celle des débuts du poète, l'autre que l'on peut dire politique, sociale et éthique.

La première exprimant surtout l'individu et la seconde le groupe.

Lounis Aït Menguellet est sans doute le plus populaire des chanteurs kabyles des années 80 parce qu'il a su garder un parfait équilibre entre l'inspiration et la technique et qu'il constitue un moment de la chanson kabyle moderne et contemporaine.

Auteur : Webalgerie
Source : Webalgerie.com

mercredi 21 mai 2008

Aït Menguellet, l artiste rallume les flammes

Aït Menguellet
L’artiste rallume les flammes éteintes
Quoi de plus normal qu’un artiste s’exprime sur sa condition ? Certains chanteurs, écrivains, acteurs ou peintres ont rempli des pages ou composé une kyrielle de strophes pour dénoncer les conditions de travail qui les entourent et l’incompréhension dont ils font l’objet.
Aït Menguellet, dans ces anciens poèmes, a décrit les malaises et l’inconfort de l’artiste que lui ont valu ses amours particulières, l’amour du verbe ciselé et de l’image poétique qui l’accompagne. Les poètes, sous tous les cieux, sont considérés comme des êtres à part, des iconoclastes qui ne cadrent pas toujours avec les données les plus évidentes de la société. C’est un peu l’image que nous fait voir Baudelaire dans ses Fleurs du mal. Le poète maudit par le sort fait parler sa mère qui se plaint d’avoir un enfant de cette “engeance” : «Ah ! Que n’ai-je mis bas tout un nœud de vipères/Plutôt que de nourrir cette dérision !/Maudite soit la nuit aux plaisirs éphémères/Où mon ventre a conçu mon expiation !». Comme Si Mohand U M’hand et les autres troubadours d’antan ou d’aujourd’hui, seul lui, l’artiste, le poète, savoure sa situation, se délecte de la douleur et tire jouissance de son statut peu commun. «Pourtant, sous la tutelle invisible d’un ange/L’enfant déshérité s’enivre de soleil/Et dans tout ce qu’il boit et dans tout ce qu’il mange/Retrouve l’ambroisie et le nectar vermeil», conclut Baudelaire.
Outre le secret plaisir de faire des vers et de composer des chansons, l’artiste- par un don prophétique peu intelligible et un sens de l’analyse qui n’a rien à voir avec la rationalité arithmétique- insuffle espoir et trace sur un parchemin mystique les sentiers du bonheur et les voies du salut à ses semblables. Trop ambitieux ? Il sent parfaitement les limites de son entreprise : «Si j’étais un savant, peuple, je changerai ta marche. Dieu surgira dans mes rêves et me dira : occupe-toi de tes affaires». Cependant, il veut placer la barre à cette hauteur pour que l’utopie soit un moteur de l’histoire.
La chanson dont nous tentons la traduction a été chantée pour la première fois par Aït Menguellet le 28 décembre 1988, soit un peu plus de deux mois après les événements d’octobre qui ont fait une victime emblématique en Kabylie, Matoub Lounès. Sur l’esplanade du marché hebdomadaire de Aïn El Hammam, Aït Menguellet a dédié cette chanson à Matoub qui était alité dans la clinique des Orangers à Alger après avoir reçu une rafale de kalachnikov. La chanson n’était pas encore commercialisée ; elle le sera trois mois plus tard. L’occasion de cette manifestation était l’anniversaire de la mort de Si Moh U M’hand qui avait réuni toute l’élite kabyle : Mouloud Mammeri, qui disparaîtra deux mois après, Tahar Djaout, Ferhat Imazighen Imula, Ben Mohamed, Tahar Oussedik et d’autres figures du mouvement berbère.

Amar Naït Messaoud

L’Artiste Prélude

Que reste-t-il sous le bonnet ?
Une tête désertée par la cervelle.
Qu’a-t-il laissé pour nous l’esprit de vaillance ?
Un simple fantôme pour soutenir nos luttes.
Qu’a pu bien nous léguer notre authenticité ?
Son simple nom que nous débitons à tout va ;
Nous en avons perdu même les traits.

Malheur à nous le jour où nous devînmes
Simple troupeau de moutons !
Affluant de partout,
Ils sont au chaud tant qu’ils sont réunis serrés.
Le chacal fait incursion en leur sein,
Et les moutons dans la débandade n’ont pu
Ni se repaître ni regagner la bergerie.


O toi colporteur de courroux,
Ne te présente plus devant notre seuil !
Nous sommes las de l’infortune des jours
Qui ne nous laissent aucun choix.
Assez de nous débarrasser des épines
Qui jonchent le parterre
Du chemin qu’emprunteront nos pieds.

Chant

Si ton cœur veut déborder
Ouvre-lui grandes les portes.
Avec tes paroles et les fils de ta guitare
Tu berceras le monde.
Tant que le ciel a besoin de toutes ses étoiles,
Les hommes aussi ont besoin de l’artiste.
…………
Même si des gens te raillent,
Tu es bien au-dessus.
Même si on te couvre de médisances,
Même si des paroles malencontreuses te sont adressées,
Ceux qui t’admirent
Et ceux qui te comprennent,
D’eux tu es issu ;
Nul n’osera t’offenser.
…………..
Tu as vu l’arbitraire
Et ton soupir s’éleva.
Dans le soupir, il vit le jour,
Et chacun l’a entendu.
Tu l’as dénudé et pétri ;
Tout le monde l’a vu.
Tu as dénoncé l’arbitraire devant le brave homme
Qui s’est retourné contre lui pour l’éliminer.
…………………
Tu as entendu les lamentations
De celui qui a vécu toujours dans les malheurs.
A l’écoute de ton chant,
Ses douleurs se sont apaisées.
Quiconque ignore dans sa vie la joie,
Traînant une patente malchance,
Place ses espérances en toi.
Insuffle en lui l’espoir.
…………….
Tu as vu la beauté
Et en as fait un poème.
C’est toi qui réveilles en nous le souvenir
De tout ce que nous oublions.
Tu lèves le voile
Sur tout ce qu’on nous a ravi ;
Et à chaque fois que sa flamme s’éteint,
C’est toi qui la ressuscites.

Traduction : Amar Naït-Zerrad

lundi 7 janvier 2008


LOUNIS AIT-MENGUELLET, POÈTE DE TOUS LES TEMPS
Interprète, poète et compositeur, Lounis Aït Menguellet naquit à Ighil Bouammas, en Haute Kabylie, le 17 janvier 1950. Il passe son enfance dans son village natal avant de déménager à Alger chez ses frères Smail et Ahmed. Il fréquente l’école primaire puis le collège du 1er mai où il reçoit une formation d’ébéniste. Il n’ aime pas les études puisque dit-il on trouver tout dans les livres. Il commence à chanter en 1967 mais il se décourage vite et si ce n’est des amitiés solides, il n’aurait jamais pu continuer. Dans l’émission de la chaîne II, Les Chanteurs de Demain de Chérif Kheddam, il chante sa première chanson : « Ma trud ula d nek Kter » (Si tu pleures, moi je pleure encore plus). Kamel Hamadi, parent et ami du chanteur se chargera du contact avec les éditeurs qui formulent leurs propres exigences et lui conseillent de reprendre « Ih a Muhand a Madam Servi Latay » de Awid Youcef. Mais le jeune poète est obsédé par autre chose de plus profond. A partir des années 1970, il devient le symbole de la revendication identitaire qui s’exprime de façon éclatante une décennie plus tard. Ait Menguellat reste malgré les aléas de la conjoncture et de l’ingratitude humaine, le plus populaire des chanteurs kabyles. Et surtout le plus dense et le plus profond. Parce qu’il a su garder sans doute un parfait équilibre entre l’inspiration et la technique et qu’il constitue un moment fort de la chanson kabyle moderne et de la chanson algérienne contemporaine.

INASSEN DE LOUNIS AIT-MENGUELLET (Traduction)

Dis-leur - Inasen
A ceux que le vent a emportés
Le vent de panique qui a soufflé
Porte-leur mon message Dis-leur ceci :
Que la malédiction est partie
Qu’ils peuvent maintenant revenir
Au pays nous avons trouvé un guide

Parmi les hommes rares qui nous sont restés
Son père est Kabyle des montagnes
Sa mère est Arabe des Chleuh
C’est un vrai dirigeant
Nous n’admettrons de le perdre
A sa venue les brumes se dissipèrent
Au pays, il saura insuffler une âme
Dis-leur, la malédiction est finie
De nos querelles, plus de traces
Dis-leur que nous les attendons
Le pays a besoin de ses enfants
Dis-leur de revenir
Chacun sa place l’attend
Chez-eux, avec les leurs, ils s’uniront
Et se réjouiront avec leurs enfants
Dis-leur, la porte est ouverte
Abattues les palissades
Toutes les voies sont libres
D’étrangers,le pays regorge toutes les saisons
C’est par milliers qu’ils affluent
Dis-leur de revenir
De l’arbitraire, plus de trace
Le despotisme qu’ils ont connu jadis
L’on n’évoque même pas son nom
Les tyrans d’hier
Et tous les geôliers
Dans le droit chemin,
ils sont revenus
Et ont compris leurs vraies missions
L’armée est dans les casernes
Les fusils ne sont plus que rouilles
Ni tueurs, ni tués Les tordus sont redressés
Nous sommes sortis des ténèbres
Nos infortunes sont effacées
Ceux qui ont pris le maquis
Grâce à Dieu, ils ont revenus au droit-chemin
Guidés par les bienfaiteurs
Il n’y a plus de chômeurs
Le peuple entier travaille
Nul n’est plus dans la détresse
Sur chaque visage, la paix est répandue
Le bon grain domine l’ivraie
Les récoltes débordent
Le paysan se remet à travailler sa terre
A vendre et à récolter
Et même les journaux
Ont appris à dire la vérité
Dis-leur, la paix est enfin là
Au printemps, elle a donné rendez-vous
Tous les vœux sont exaucés
Tout ce dont nous avons longtemps rêvé
Dis-leur de revenir
S’ils pouvaient voir les villes
La beauté qui les accueillera
Dans chaque rue empruntée
Ils ne verront et humeront
Que la rose et le jasmin
Des filles et des garçons
Main dans la main
Vont ensemble à l’école
Le kabyle est enseigné
Au même titre que l’arabe et le français
Chacun l’aime et l’apprend
N’avons-nous par les mêmes ascendants?
Dis-leur que ce n’est pas tout
Il y a tant de choses encore
S’ils pouvaient voir les mosquées
e bons musulmans, emplis
Fraternels et tolérants
Acceptant l’Eglise chrétienne
Les Juifs ont repris leurs commerces
Avec eux, nous sommes frères
A Constantine, son pays Enrico est marchand de luths
Dis-leur qu’à leur arrivée à la capitale,
Avec fleurs et sourires
Ce sont les gouvernants
Qui les accueilleront
Ils verront que tout a changé
Un peuple serein et gai
Ils trouveront bénédiction et sagesse
Combien de lui, ils seront contents
Les cœurs blessés guériront
Neufs, ils en deviendront
Oubliées les affres de l’exil
Des malheurs, ils seront lavés
Ils commenceront une nouvelle vie sur leur terre,
elle s’épanouira

Ait-menguellet

http://www.oasisfle.com/culture_oasisfle/ait_menguellet_le_poete.htm

PRÉSENTATION DE LOUNIS AIT-MENGUELLET

(Selon http://fr.wikipedia.org/wiki/Lounis_A%C3%AFt_Menguellet )

Lounis Aït Menguellet (Lewnis At Mangellat) est un chanteur kabyle, né le 17 janvier 1950 à Ighil Bouammas (« le côteau du milieu »), petit village niché dans les chaînes montagneuses du Djurdjura, près de Tizi Ouzou en Grande Kabylie, (Algérie).

Lounis Aït Menguellet est certainement l'un des artistes les plus populaires et les plus attachants de la chanson kabyle contemporaine, un poète qui est devenu le symbole de la revendication identitaire berbère. À propos des évènements qui ont secoué la Kabylie ces dernières années, il dit que, égale à elle-même, la région est un bastion de la contestation et qu’elle a toujours été à l’avant-garde des luttes. « Je parle de la Kabylie à ma façon, afin d’apporter quelque chose pour que les choses évoluent », avant de s’empresser d'ajouter qu'il ne fait jamais de politique.
La carrière de Lounis Aït Menguellet peut être scindée en deux parties selon les thèmes traités : la première, plus sentimentale de ses débuts, où les chansons sont plus courtes et la seconde, plus politique et philosophique, caractérisée par des chansons plus longues et qui demandent une interprétation et une lecture plus approfondie des textes. Ahkim ur nesεa ara ahkim (Pouvoir sans contre-pouvoir), Idul s anga a nruh (Le chemin est long), Nekwni s warrac n Ledzayer (Nous, les enfants d’Algérie) : Aït Menguellet choisit délibérément dans ses concerts récents de chanter ces poèmes, plus longs et plus composés, comme une invitation lancée à son public à une réflexion et à une découverte.


En présentant son nouvel album à la presse, le 16 janvier 2005, à la veille de sa sortie le jour de son cinquante-cinquième anniversaire, à la Maison de la Culture de Tizi Ouzou, Lounis a fait remarquer que « l’artiste ne fait qu’attirer l’attention des gens sur leur vécu et interpeller leur conscience. C’est déjà une mission et je ne me crois pas capable d’apporter les solutions aux problèmes ». Aigri par la situation sociale et politique de son pays déchiré, Lounis puise de moins en moins dans son répertoire de chansons sentimentales qui ont caractérisé ses débuts.