lundi 7 janvier 2008


LOUNIS AIT-MENGUELLET, POÈTE DE TOUS LES TEMPS
Interprète, poète et compositeur, Lounis Aït Menguellet naquit à Ighil Bouammas, en Haute Kabylie, le 17 janvier 1950. Il passe son enfance dans son village natal avant de déménager à Alger chez ses frères Smail et Ahmed. Il fréquente l’école primaire puis le collège du 1er mai où il reçoit une formation d’ébéniste. Il n’ aime pas les études puisque dit-il on trouver tout dans les livres. Il commence à chanter en 1967 mais il se décourage vite et si ce n’est des amitiés solides, il n’aurait jamais pu continuer. Dans l’émission de la chaîne II, Les Chanteurs de Demain de Chérif Kheddam, il chante sa première chanson : « Ma trud ula d nek Kter » (Si tu pleures, moi je pleure encore plus). Kamel Hamadi, parent et ami du chanteur se chargera du contact avec les éditeurs qui formulent leurs propres exigences et lui conseillent de reprendre « Ih a Muhand a Madam Servi Latay » de Awid Youcef. Mais le jeune poète est obsédé par autre chose de plus profond. A partir des années 1970, il devient le symbole de la revendication identitaire qui s’exprime de façon éclatante une décennie plus tard. Ait Menguellat reste malgré les aléas de la conjoncture et de l’ingratitude humaine, le plus populaire des chanteurs kabyles. Et surtout le plus dense et le plus profond. Parce qu’il a su garder sans doute un parfait équilibre entre l’inspiration et la technique et qu’il constitue un moment fort de la chanson kabyle moderne et de la chanson algérienne contemporaine.

INASSEN DE LOUNIS AIT-MENGUELLET (Traduction)

Dis-leur - Inasen
A ceux que le vent a emportés
Le vent de panique qui a soufflé
Porte-leur mon message Dis-leur ceci :
Que la malédiction est partie
Qu’ils peuvent maintenant revenir
Au pays nous avons trouvé un guide

Parmi les hommes rares qui nous sont restés
Son père est Kabyle des montagnes
Sa mère est Arabe des Chleuh
C’est un vrai dirigeant
Nous n’admettrons de le perdre
A sa venue les brumes se dissipèrent
Au pays, il saura insuffler une âme
Dis-leur, la malédiction est finie
De nos querelles, plus de traces
Dis-leur que nous les attendons
Le pays a besoin de ses enfants
Dis-leur de revenir
Chacun sa place l’attend
Chez-eux, avec les leurs, ils s’uniront
Et se réjouiront avec leurs enfants
Dis-leur, la porte est ouverte
Abattues les palissades
Toutes les voies sont libres
D’étrangers,le pays regorge toutes les saisons
C’est par milliers qu’ils affluent
Dis-leur de revenir
De l’arbitraire, plus de trace
Le despotisme qu’ils ont connu jadis
L’on n’évoque même pas son nom
Les tyrans d’hier
Et tous les geôliers
Dans le droit chemin,
ils sont revenus
Et ont compris leurs vraies missions
L’armée est dans les casernes
Les fusils ne sont plus que rouilles
Ni tueurs, ni tués Les tordus sont redressés
Nous sommes sortis des ténèbres
Nos infortunes sont effacées
Ceux qui ont pris le maquis
Grâce à Dieu, ils ont revenus au droit-chemin
Guidés par les bienfaiteurs
Il n’y a plus de chômeurs
Le peuple entier travaille
Nul n’est plus dans la détresse
Sur chaque visage, la paix est répandue
Le bon grain domine l’ivraie
Les récoltes débordent
Le paysan se remet à travailler sa terre
A vendre et à récolter
Et même les journaux
Ont appris à dire la vérité
Dis-leur, la paix est enfin là
Au printemps, elle a donné rendez-vous
Tous les vœux sont exaucés
Tout ce dont nous avons longtemps rêvé
Dis-leur de revenir
S’ils pouvaient voir les villes
La beauté qui les accueillera
Dans chaque rue empruntée
Ils ne verront et humeront
Que la rose et le jasmin
Des filles et des garçons
Main dans la main
Vont ensemble à l’école
Le kabyle est enseigné
Au même titre que l’arabe et le français
Chacun l’aime et l’apprend
N’avons-nous par les mêmes ascendants?
Dis-leur que ce n’est pas tout
Il y a tant de choses encore
S’ils pouvaient voir les mosquées
e bons musulmans, emplis
Fraternels et tolérants
Acceptant l’Eglise chrétienne
Les Juifs ont repris leurs commerces
Avec eux, nous sommes frères
A Constantine, son pays Enrico est marchand de luths
Dis-leur qu’à leur arrivée à la capitale,
Avec fleurs et sourires
Ce sont les gouvernants
Qui les accueilleront
Ils verront que tout a changé
Un peuple serein et gai
Ils trouveront bénédiction et sagesse
Combien de lui, ils seront contents
Les cœurs blessés guériront
Neufs, ils en deviendront
Oubliées les affres de l’exil
Des malheurs, ils seront lavés
Ils commenceront une nouvelle vie sur leur terre,
elle s’épanouira

Ait-menguellet

http://www.oasisfle.com/culture_oasisfle/ait_menguellet_le_poete.htm

PRÉSENTATION DE LOUNIS AIT-MENGUELLET

(Selon http://fr.wikipedia.org/wiki/Lounis_A%C3%AFt_Menguellet )

Lounis Aït Menguellet (Lewnis At Mangellat) est un chanteur kabyle, né le 17 janvier 1950 à Ighil Bouammas (« le côteau du milieu »), petit village niché dans les chaînes montagneuses du Djurdjura, près de Tizi Ouzou en Grande Kabylie, (Algérie).

Lounis Aït Menguellet est certainement l'un des artistes les plus populaires et les plus attachants de la chanson kabyle contemporaine, un poète qui est devenu le symbole de la revendication identitaire berbère. À propos des évènements qui ont secoué la Kabylie ces dernières années, il dit que, égale à elle-même, la région est un bastion de la contestation et qu’elle a toujours été à l’avant-garde des luttes. « Je parle de la Kabylie à ma façon, afin d’apporter quelque chose pour que les choses évoluent », avant de s’empresser d'ajouter qu'il ne fait jamais de politique.
La carrière de Lounis Aït Menguellet peut être scindée en deux parties selon les thèmes traités : la première, plus sentimentale de ses débuts, où les chansons sont plus courtes et la seconde, plus politique et philosophique, caractérisée par des chansons plus longues et qui demandent une interprétation et une lecture plus approfondie des textes. Ahkim ur nesεa ara ahkim (Pouvoir sans contre-pouvoir), Idul s anga a nruh (Le chemin est long), Nekwni s warrac n Ledzayer (Nous, les enfants d’Algérie) : Aït Menguellet choisit délibérément dans ses concerts récents de chanter ces poèmes, plus longs et plus composés, comme une invitation lancée à son public à une réflexion et à une découverte.


En présentant son nouvel album à la presse, le 16 janvier 2005, à la veille de sa sortie le jour de son cinquante-cinquième anniversaire, à la Maison de la Culture de Tizi Ouzou, Lounis a fait remarquer que « l’artiste ne fait qu’attirer l’attention des gens sur leur vécu et interpeller leur conscience. C’est déjà une mission et je ne me crois pas capable d’apporter les solutions aux problèmes ». Aigri par la situation sociale et politique de son pays déchiré, Lounis puise de moins en moins dans son répertoire de chansons sentimentales qui ont caractérisé ses débuts.