dimanche 19 octobre 2008

AIT-MENGUELLET

Aït Menguellet


C'est en janvier 1950 à Ighil Bouamas en Grande Kabylie que naît Lounis Abdenbi Aït Menguellet. Si ses années d'études se passent à Alger, il n'oubliera jamais les veillées de chants de son enfance et ses origines kabyles et c'est dans la langue amazigh qu'il écrira la plupart des textes de ses chansons.

Après des études primaires, il suit une formation d'ébéniste dans un collège technique, mais au contact d'un professeur de français particulièrement pédagogue, il s'éprend de littérature, se met à composer des poèmes et à les chanter dans la grande tradition orale de la poésie berbère. Il a tout juste 17 ans lorsqu'il participe à une émission de radio animée par une figure de la modernisation de la chanson kabyle: Cherif Kheddam. La chanson qu'il y interprète "Ma trud 'ist", comme toutes celles de la première partie de sa carrière un poème d'amour. C'est alors la seule thématique envisageable pour un chanteur algérien. Mais rapidement, Aït Menguellet se détache des autres chanteurs en défendant la cause des femmes à qui le plus souvent l'amour est imposé.

En 1972, pendant qu'il effectue son service militaire, le succès de deux de ses chansons "Ma seber" et "Lwiza" assoient sa popularité. Celle-ci va grandissant et s'étend jusqu'à l'Hexagone où, en 1978, il fait son 1er passage à l'Olympia. C'est à cette époque qu'Aït Menguellet élargit le champ de ses thématiques en abordant des problèmes philosophiques et socio-politiques. En prônant avec talent la cause de la culture berbère, le poète renforce l'amour de ses fans et la défiance des pouvoirs politiques. Cet état de fait arrive à son paroxysme durant les "années de plomb". En 1985, il triomphe devant 6000 personnes au Zénith parisien et se fait emprisonner pour détention illégale d'armes à feu. Comme beaucoup d'algériens, il possède un fusil de chasse, mais comme peu, il prend la défense du chanteur Ferhat, incarcéré pour son appartenance à la nouvelle ligue algérienne des droits de l'Homme.
Après cette sombre période et malgré les difficultés auxquelles il doit faire face, Aït Menguellet ne songe à quitter son pays que pour honorer des contrats à l'étranger.

C'est la grande force du chanteur que d'être resté vivre dans son village, gardant un oeil lucide sur l'évolution de son pays tout en essayant d'améliorer les choses autour de lui. S'il ne donne plus de concerts en Algérie, il n'hésite pas à s'y engager dans des actions humanitaires .

En 2001, Aït Menguellet rompt avec la sobriété coutumière de ses enregistrements. Son fils Djafar, avec qui il travaille depuis des années, lui fait rencontrer le plus célèbre des jeunes musiciens kabyles, Takfarinas, qui produit son album "Inasen" avec beaucoup de respect et de justesse. Si leurs arrangements sont plus luxuriants, ses chansons sont fidèles à ce qu'elles ont toujours été, des mélodies simples au service de textes d'une grande qualité poétique qui décrivent avec d'autant plus de puissance la folie des hommes.



Benjamin MiNiMuM